L'image de l'affiche (Chantal Akerman dans le désert de Judée) est extraite du film documentaire de Marianne Lambert I Don't Belong Anywhere, le cinéma de Chantal Akerman, programmé à Utopia-Toulouse,
vendredi 8 avril à 19 h

De grands mercis aux lieux qui nous reçoivent et à toutes nos complices dans l’élaboration de la culture et de l’histoire lesbiennes.

ÉDITORIAL____________________________________________________________________________________

L’utopie, c’était mieux avant ?
Serions-nous à ce point moroses que le seul mot d'UTOPIE, déjà mis à mal dans sa résonance de rêverie sans futur, ne nous renvoie au mieux qu’à un vouloir évanoui ? Alors – s’est-on dit – allons-y voir un peu dans cet avant qui voulait TOUT, ici et maintenant. Qui affichait le désir le plus cohérent qui soit : vivre entre femmes (on disait femmes…), élaborer un art de vivre donc une culture, acter une politique donc s’affranchir to-ta-lement de la domination masculine. L’utopie, c’était ni avant ni plus tard, mais le présent d’une construction passionnée, d’une pensée radicale, c’était un vouloir continu et croissant qui traversait les corps, les irriguait d’une force inouïe et bondissante.

Women's Lands. Tout est venu de ce livre de Françoise Flamant qui nous a donné la clé du champ thématique de ce Printemps lesbien 2016.
Partant de ce qu’elle historicise de l’expérience de nos aînées américaines (du nord), dès les années 1970, nous rendons force à la certitude qu’une utopie est d’abord LE courage de ne jamais céder sur son désir. Et par là ne jamais redouter la fracture absolue avec ceux qui le nient, le secondarisent (à d’autres luttes), et au final le menacent grave (évidemment).
Bref, il va sans dire que la fin de nos batailles pour visibiliser donc légitimer ce désir, c’est pas demain.
Ainsi on s’est concocté une rencontre carrément nationale pour proférer que l’utopie est un bel aujourd'hui. Faisons émerger non seulement les vies vécues en Oregon, dans ces fameuses terres de femmes – au réel terres lesbiennes – mais partageons aussi les expériences de France et d’alentour – qui d'ailleurs se créent, se vivent et se projettent encore : ici et maintenant.
Tout cela dans cette même cohérence que nous revendiquons année après année avec le Printemps lesbien : donner à VOIR lesbien.

Vibratoire sélection, tant sont débridées les inspirations, denses les créations, audacieuses les directions.
Emblématique de tout cela, Chantal Akerman qui fut ô combien maîtresse en audace, et cinéaste unique. Du chagrin de sa perte en octobre 2015, nous avons fait nécessité : celle de lui rendre hommage, avec l’admiration et l’affection qu’on lui porte depuis notre coup de foudre pour son Je, tu, il, elle – Je tue ? Hélas.
Ce printemps qu’elle n’aura pas voulu, nous lui dédions pourtant. Alors, à demain

Le 19e Printemps lesbien de Toulouse est organisé avec nos partenaires associatives : Folles Saisons, la Luna loca (Toulouse), Cineffable (Paris), le Centre audiovisuel Simone de Beauvoir (Paris)

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