Ce Printemps est une révélation, au sens photographique du terme.
Et la photographie est particulièrement explorée cette année : des pionnières du milieu du XIXe siècle aux cyberartistes du web, des reporters de guerre aux portraitistes questionnant les optiques genrées de l’éclairage... vous allez VOIR ce que vous allez VOIR. Un voir majuscule et visionnaire comme la vaillance de ces artistes mais aussi chercheuses, militantes et actantes de cette décennie ou époque : toutes « en vue », puisque visibles. En vue.s au pluriel aussi, leurs images souvent inédites étant dressées envers et contre nos ennemis, sans doute, mais avant tout pour nous toutes. Leurs visions font surgir ce qui a été caché ou empêché, hier ; captent ce qui nous serait nié, aujourd’hui ; et ainsi projettent nos vouloirs pour demain, car le futur est en vue si on le veut : grâce au désir, grâce au courage que transfuse une forte imagerie lesbienne.

Le cinéma est là, comme toujours : nous l’aimons expérimental ou précurseur, nous voulons des documentaires qui arrachent, et des courts qui de tous pays concourent à nous réjouir, nous émouvoir, nous faire hurler de rire.
Sont ainsi célébrées des individuelles qui résistent du Nord au Sud et ne se rendent pas, qui avec passion se sont engagées pour analyser, démanteler le patriarcat, sa langue, sa violence, et contrer un régime hétérosexuel qui, bien qu’ébréché par nos soins, nous tanne encore par sa domination de fin de règne.
Scènes ouvertes à des hommages aux bien-aimées, au théâtre, à la musique, aux fêtes et aux rencontres... c’est ça le Printemps. Autant de déconstructions ludiques, singulières ou collectives du langage, de la philosophie, où l’audace de nos politiques fait enrager l’archaïque, mais à nous... fait plaisir.

Quel meilleur prélude à ce Printemps très photographique que le High Art de Lisa Cholodenko, programmé par CinéLuna, jeudi 10 avril à la Luna Loca.
Découvrez ou redécouvrez ce film complexe, riche et sombre, l’un des meilleurs de la production lesbienne.
LE REPORTAGE ICI