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FILLES D’AUTOMNE

 

Michèle Causse - Hommage et images

Michèle Causse fut l’une des premières invitées de Bagdam Cafée en 1990. Entre elle et les « Bagdamiennes » s’est nouée une relation de complicité non seulement politique et intellectuelle, mais affective, tissée par nos révoltes communes et nourrie de nos productions et de nos rêves.

SAMEDI 2 OCTOBRE
CAFÉ CULTUREL FOLLES SAISONS
197, route de Saint-Simon, 05 62 14 64 85

17 h • ÉVOCATION par Suzette Robichon et Jacqueline Julien

Suzette Robichon a souvent été au plus près de l’élaboration et de la diffusion de l’œuvre de Michèle Causse, notamment avec la revue littéraire Vlasta dont elle est cofondatrice avec Michèle Causse et Sylvie Bompis et dont elle a été l’éditrice de 1983 à 1985. Elle nous apportera un évocation unique de cette époque.

17 h 30 • CORPS DE PAROLES, film, inédit en France, consacré à M. C., Réalisation Diane Heffernan et Suzanne Vertue, Montréal, 1989, 37 mn.
« Je suis un corps de paroles. » Un condensé de la pensée de Michèle Causse, de son humour, et une riche évocation de la culture et des grandes figures lesbiennes du XXe siècle.

18 h 30 MICHÈLE CAUSSE, par les VidéObstinées, la téléweb lesbienne

La téléweb lesbienne a filmé plusieurs fois Michèle Causse. « Sa voix et ses mots berceront les lesbiennes pour toujours de sa lucidité, sa poésie, sa rage et de son amour obstiné pour les lesbiennes. » 

20 h 30 BUFFET par le restaurant Sous les pavés - participation 8 €

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LUNDI 18 OCTOBRE
LIBRAIRIE OMBRES BLANCHES

50, rue Gambetta

 

Hommage à Michèle Causse
par Bagdam Espace lesbien et la librairie Ombres blanches

Présentations par Katy Barasc, Jacqueline Julien
et témoignage de Christian Thorel, directeur de la librairie Ombres blanches
Extraits visuels et sonores présentés par les VidéObstinées

Katy Barasc, philosophe, essayiste, a coécrit avec Michèle Causse un ouvrage encore inédit : Requiem pour il et elle : les Sapiens ou la fin d’une imposture. Elle a signé de nombreux articles et interventions aux côtés de Michèle Causse, invitées toutes deux dans différents colloques : ceux de Bagdam jusqu’en 2009, puis celui de l’université d’été LGBT de Marseille en 2010, où la place de Michèle s’est révélée vide.
En dépit de la peine que Katy Barasc partage avec ses proches et amies, elle choisit de communiquer l’essentiel d’une œuvre unique, rencontrée dans une proximité intellectuelle et affective exceptionnelle au long de cette ultime décennie de la vie de Michèle Causse à Toulouse.

Jacqueline Julien, nouvelliste, éditorialiste d’Espace lesbien, revue des actes des colloques internationaux d’Etudes lesbiennes de Bagdam Espace, association de cultures et politiques lesbiennes créée à Toulouse en 1989. Michèle Causse fut l’une des premières invitées de Bagdam. Entre elle et les « Bagdamiennes » s’est nouée une relation  de complicité non seulement politique et intellectuelle, mais affective, tissée par nos révoltes communes et nourrie de nos productions et de nos rêves.

 Barbara Wolman, vidéaste, créatrice avec l’association V.ideaux de la première télé lesbienne en ligne et de teledebout.org, la nouvelle téléweb féministe pédagogique. La constitution de dizaines de documentaires de vie, de culture et de politique lesbiennes et féministes se poursuit depuis 2008 et représente un archivage essentiel de l’historicité du mouvement lesbien. D’autant plus essentiel que les médias considèrent rarement le sujet « lesbiennes » au-delà de quelques reportages ou témoignages consacrés à l’homophobie ou l’homoparentalité. Barbara Wolman a filmé Michèle Causse plusieurs fois pour les VidéObstinées. Nous la reverrons et l’écouterons ensemble et, le temps d’admirer sa verve, son humour, son art incomparable de formuler l’in-ouï, elle sera encore parmi nous.

Christian Thorel, directeur d’Ombres blanches, rend hommage à la présence singulière de Michèle Causse, fréquentatrice assidue des conférences de la librairie, et se souvient des échanges parfois caustiques avec elle, mais toujours empreints d’estime.


« Ce 29 juillet 2010 Michèle Causse est allée dé/naître
auprès de l’association Dignitas à Zurich ».
Telle était la première phrase du communiqué qu’elle-même a rédigé pour nous annoncer, via mail, la nouvelle de sa « mort choisie », quelques heures avant l’heure anniversaire de sa naissance, faisant de ce choix ce qu’elle nomme dé-naissance.
En peau de Succombe la voilà
qui pendant maint jour concocte son heure,
l’Heure dernière chaque jour
avant l’heure sonnant l’heure.
La phrase extraite de Voyages de la Grande Naine en Androssie,œuvre publiée en 1993, annonçait le dessein caussien.
Ni lue ni approuvée fut longtemps pour M. C. épitaphe et exergue, signal aigu d’une exigence obsessionnelle à advenir, fût-ce envers et contre, et conscience de la difficulté de sa réception en milieu hostile, ou pour le moins impréparé. Dans son dernier communiqué à ses amies, elle adoucissait la devise par un Mais pour toujours avec toutes.
Rapport d’adresse évident, solidaire et tendre à l’égard de celles que nous sommes, lesbiennes, peuple d’amies, de lutteuses, et ses toujours potentielles lectrices.
Bagdam Espace lesbien et la librairie Ombres blanches rendent hommage à la Grande Migrante qu’elle fut, et qui choisit de se poser à Toulouse dans sa dernière décennie, partageant les saisons entre la Ville Rose et son Lot natal. « Il faut des années lumière  pour être en mots de soi », écrit-elle de ce personnage de Grande Migrante dans La Grande Naine. Et nous, quel nombre d’années nous faudra-t-il pour savoir son œuvre enfin lue et, ce qui serait miracle, « approuvée » ?
Jacqueline Julien

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Une langue in-ouïe, une œuvre polyphonique

L’œuvre de Michèle Causse – dans sa polyphonie même – obéit à une double exigence, ou, plus exactement, à la nécessité d’une double advenue : une langue in-ouïe, capable de recueillir la parole des subjectivités inter-dites-de-dire… « interloquées », pour reprendre le titre d’un de ses essais.

L’écriture lui fut praxis, un œuvrer inlassable, politique, voué à l’épreuve de ses propres limites. M. C., toute sa vie, a répondu à cette convocation. Elle y a répondu dans l’exploration critique de la langue, et dans l’affirmation d’une « identité » lesbienne, puissance de dé-territorialisation des catégories dominantes. En ce sens, la diversité des œuvres parle d’une seule voix : de l’invention poétique de L’Encontre aux Voyages de la Grande Naine en Androssie, de Parenthèses à Seven Portraits, de la pièce de théâtre À quelle heure est la levée dans le désert ? (dédiée à Jane Bowles) aux essais théoriques des Oubliées de l’oubli ou Contre le Sexage, la tâche est uniment poétique et noétique.

L’écriture est lieu de dévoilement  – de vérité – et la beauté des fables est indissociable d’une invention conceptuelle singulière. Avant la vulgate des gender studies, M. C. propose un appareil critique, une herméneutique : ainsi le concept d’androlecte, que nous lui devons, et nos derniers travaux relatifs à un nouveau pronom, par-delà IL et  ELLE, par-delà le genre : UL. Il s’agit encore et toujours de penser la corporéité dans son être désirant, où s’originent enfin des sujets libérés de la contrainte du genre.

M. C. fut aussi traductrice – i.e. voyageuse colportrice de textes majeurs : Alice Ceresa, Jane Bowles, Gertrude Stein, Mary Daly, et Djuna Barnes qu’elle rencontra à New York et dont elle traduisit l’intraduisible Ladies’ Almanach. S’ajoutent à cela ses contributions aux revues Masques, Vlasta, Sorcières, Le Nouveau Commerce, Cahiers du Grif et, à Toulouse, publiée par Bagdam, Espace lesbien.

Katy Barasc




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 bagdam@bagdam.org
Dernière mise à Jour : 1 octobre, 2010