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Jocelyne Fildard
(1946-2024
)


Notre coprésidente et chère amie, Jocelyne Fildard, est décédée le 2 décembre des graves récidives d'un cancer contre lequel elle a courageusement lutté pendant plusieurs années.
Jocelyne fut une fervente militante féministe et lesbienne et a toujours œuvré pour faire coïncider les droits des femmes et les droits des lesbiennes.
Depuis 1997, elle fut d’abord membre du conseil d’administration puis coprésidente de « CQFD Lesbiennes Féministes » aux côtés de Catherine Morin Le Sech et Marie-Josèphe Devillers. 


Côté féministe, elle représentait « CQFD Lesbiennes Féministes » au CNDF (Collectif national pour les droits des femmes) et à la « Marche mondiale des Femmes » où elle savait porter et faire entendre la voix des lesbiennes. Pour Jocelyne, il était clair que les violences contre les femmes s’exerçaient aussi contre les lesbiennes, à double titre en tant que femme et en tant que lesbienne.

Côté lesbien, elle fut active à la « Coordination lesbienne en France » depuis sa création en 1997 jusqu’à sa clôture en 2017, toujours au nom de « CQFD Lesbiennes Féministes ». 
On se souvient de tout le travail de la commission lesbophobie qu’elle a porté avec Raymonde Gérard et qui a abouti à ce projet de loi contre les discriminations lesbophobes en 2001. Jocelyne était de toutes les grandes actions initiées par « CQFD Lesbiennes Féministes ». Durant les années 1990, lors des grandes manifestations de la Fierté lesbienne, à la salle Wagram en juin à Paris, elle organisait des débats très suivis. Elle s’impliquait aussi dans l’accompagnement des lesbiennes qui, courageusement, ont porté plainte contre la lesbophobie subie et ont bénéficié du fonds de solidarité lesbienne de « CQFD Lesbiennes Féministes ». En 2009, lorsque le mouvement gay a commencé à revendiquer l’accès à la GPA comme un droit, avec Catherine et Marie-Josèphe, elle s’est investie dans le combat pour l’abolition de cette pratique qui porte atteinte à notre humanité. Elle a su obtenir l'écoute de Maya Surdut dont elle était très proche, concrétisée par la publication collective du manifeste « Pourquoi nous sommes contre la GPA ». Ce manifeste, initialement édité en 2011, cosigné par « CQFD Lesbiennes Féministes », la CADAC (Collectif des associations pour le droit à l’avortement et à la contraception) et le Planning familial, a marqué l’émergence d’un grand mouvement abolitionniste de la GPA.  Tout naturellement ce fut elle qui fut désignée, en 2018, pour représenter la CADAC, dont elle était également membre, à la création de la CIAMS (Coalition internationale pour l’abolition de la maternité de substitution). Jusqu’au bout, elle en a assuré la fonction d’administratrice au nom de la CADAC.  Malgré les difficultés liées à sa maladie, nous la tenions régulièrement informée des avancées de nos combats qui lui tenaient toujours à cœur et nous ne l’avons jamais oubliée.
Membre du parti communiste, elle était également très investie dans sa ville de Grigny. Nous nous assoucions à la peine de sa compagne Brigitte.
Nous organiserons un femmage collectif en sa mémoire.

Marie-Josèphe Devillers et Catherine Morin Le Sech,
coprésidentes de « CQFD Lesbiennes Féministes », 2 décembre 2024


J’aimais beaucoup Jocelyne. Plein de souvenirs de nos combats commun et de sa loyauté, son amitié, son authenticité…
Une grande femme.
Je me souviens, en 1996, du petit groupe que nous avions formé pour défendre les droits des lesbiennes au cours de la rencontre du CNDF (Collectif national pour les droits des femmes), car nous voulions que les lesbiennes réintègrent le combat féministe commun. Ça
avait chauffé. Jocelyne était restée très digne et on a gagné.
Je vous embrasse toutes
.

Marie-jo Bonnet
Paris, le 2 décembre 2024



J'ai rencontré Jocelyne en 1997, aux débuts de la Coordination lesbienne en France (CLF), qui s'appelait alors la Coordination lesbienne nationale. 
C'est même elle que j'y ai rencontrée « en première », alors que je venais représenter les Dé/générées, association lilloise de lesbiennes féministes, elle aussi naissante. Immédiatement, j'ai perçu son allant, associé à son éternel foulard, son énergie militante et son engagement indéfectible. Une voix, un sourire, une personnalité. Ce fut un moment de jaugeage aussi, car sans être méfiante, elle entendait préserver cette association naissante d'éventuelles ambitions individuelles et prises de pouvoir. C'est ainsi que nous avons durablement beaucoup partagé, les discussions, les réunions, les motions et dossiers pour lutter contre la lesbophobie, les pavés, les estrades aussi parfois. 
Jocelyne était un pilier de la CLF, avec toutes ces militantes de toute la France, qui ont porté visiblement, intelligemment et durablement la vie lesbienne dans toutes les régions, Paris la Francilienne comprise.
Même si je ne partage pas toutes les dernières orientations idéologiques, je dois dire que j'ai une profonde estime pour Jocelyne et aussi pour tout ce qu'ont accompli les copines de CQFD Lesbiennes féministes, à commencer par la reprise de la CLF quand peu à peu la plupart des associations lesbiennes féministes ont disparu.
Une pensée émue à sa compagne et à toutes ses proches. 
Bien à toutes.

Nathalie Rubel
le 2 décembre 2024


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Dernière mise à jour : 5 Décembre, 2024