Réalisation
Lucia Puenzo, scénario Lucia
Puenzo d'après un récit de
Sergio Bizzio, Argentine/Espagne/France - 2007, 91 mn, 35 mm, couleur
L'avis de Brigitte
Boucheron
Ce film m'a confortée dans mon intuition que
le lesbianisme n'est pas soluble dans les problématiques trans,
du moins telles qu'elles sont traitées jusqu'à présent.
Le film est bien fait, l'héroïne/héro attachant/e,
la problématique clairement antimacho, les ado peuvent s'y
retrouver (la coupure ado/parents est très bien montrée),
mais ça ne concerne ni les femmes ni les lesbiennes
: les femmes – en l'occurrence les mères – sont
sans odeur ni saveur ni épaisseur, tout juste bonnes à
faire la bouffe et quelques câlins. Seuls les pères ont
de l'importance (il y a le bon, d'une-grande-sensibilité et
le méchant, macho-anti-homo). Il est clair dans le développement
du film que Alex, élevée comme une fille, va devenir
un garçon ; mieux, un homo : elle encule avec ardeur et plaisir
(elle le dit) le gentil Alvaro au grand plaisir (exprimé en
soupirs puis en paroles) d'icelui. À la fin du film, son père
donne à Alex le « titre » de fils
et tout est bien qui finit bien au royaume des mecs et des gays. Il
n'y a même pas d'ambiguïté quant à une éventuelle
possibilité hétéro ou lesbienne, le film est
explicite là-dessus : dans la seule scène où
Alex est dans une proximité physique avec une fille de son
âge, elle la repousse. Autrement dit : tout se passe entre hommes.
Malgré le fait qu'elle dise à un moment : « Pourquoi
choisir ? » c'est un film complètement androcentré.
On se demande bien pourquoi le distributeur français
a contacté Bagdam pour « porter » ce film.
Sans doute l'arrogante innocence/ignorance du dominant.